Dessine moi une mouton, c’est par cette demande que le Petit Prince initie la rencontre avec l’aviateur Saint Exupéry. Mais la demande rappelle à ce dernier de bien mauvais souvenirs, des souvenirs de dessins d’enfants rejetés, dédaignés, non compris par les adultes. Saint-Exupéry nous raconte comment il a dans son enfance « montré ‘son) chef d’œuvre aux grandes personnes » et comme celles-ci lui ont « conseillé de laisser de côté les dessins de serpents boas ouverts ou fermés, et de s’intéresser plutôt à la géographie, à l’histoire, au calcul et à la grammaire ». C’est ainsi qu’il abandonne, « à l’âge de six ans, une magnifique carrière de peintre. J’avais été découragé par l’insuccès de mon dessin numéro 1 et de mon dessin numéro 2. Les grandes personnes ne comprennent jamais rien toutes seules, et c’est fatigant, pour les enfants, de toujours et toujours donner des explications. »
Activité privilégiée de la petite enfance, le dessin comme mode d’expression est tout aussi important que la grammaire ou le calcul, mais les adultes savants ont oublié leur enfance. Notre société valorise peu cette pratique, la cantonne à l’école maternelle, voire l’école primaire. Très vite, le dessin est abandonné et peu d’adultes ont encore ce plaisir. Le dessin libre est pourtant le signe même de l’humanité. Nous valorisons les dessins des hommes de cavernes, mais oublions de laisser notre propre empreinte sous cette forme. Pouvoir dessiner et en éprouver le plaisir suppose l’étayage de l’adulte, son regard empathique, son intérêt pour la création. La place de l’assistante maternelle est importante, c’est elle qui peut imposer l’activité, la mettre en valeur. Pour entrer dans ce monde de la création enfantine, quelques repères seront utiles