punition "autres procédés"

Quel sens a la punition ? Avec quelles conséquences ? Que comprend l’enfant quand se cumulent dans la même journée punitions et récompenses ? La punition prononcée par un parent doit-elle être appliquée par l’assistante maternelle ? Une lectrice de l’AssMat ouvre le débat sur ce système éducatif qui, écrit-elle, « repose sur une forme de non respect de l’enfant et qui ne lui apprend pas à respecter l’adulte »


Quelle consternation ! Un parent me demande d’appliquer une méthode à laquelle je suis complètement opposée : il s’agit de punir un enfant pour quelque chose qui n’est pas arrivé avec moi (quelle injustice !) alors que cet enfant a un comportement irréprochable ici. Outre le fait que je n’aime pas ces méthodes éducatives, et je sais, par expérience, que ça ne fonctionne pas, comment, en tant qu’éducateur, peut-on accepter ces méthodes ?
Cela n’arrive pas dans les autres structures, car elles peuvent imposer un mode de fonctionnement, de même qu’à l’école. L’ennui, c’est que je suis dans le cadre d’un accueil familial….

Appliquer la punition ?
Justement, comment appliquer cette punition ? Un membre de la famille, peut avoir envie de regarder la télévision alors que le coin jeux est dans la même pièce, où dois-je faire jouer le « puni » ?
Bien sûr, je dois respecter les souhaits éducatifs des parents, mais ce cas n’a pas été abordé dans le contrat d’accueil qui a été signé au départ. Accepter cela n’est pas agir dans l’intérêt de l’enfant, mais tenter une argumentation risque de renforcer la décision prise. J’ai tenté une explication, mais la décision est impérative et le « tu dois appliquer cette punition » me laisse perplexe. Le deuxième parent me conseille de ne pas me tracasser et d’être comme je suis d’habitude. Il est vrai que cette personne n’admettra pas de remise en question et je ne suis pas une « donneuse de leçon », mais il est capable de faire son cheminement seul et je décide d’en rester là pour l’instant, de ne pas provoquer un blocage, pour ne pas envenimer la situation, car les retombées seraient négatives.
Je compose comme je peux, selon ma perception des personnes, en essayant de trouver l’équilibre entre respecter les parents, respecter l’enfant et me respecter moi-même. «Il vaut mieux débattre d’une question sans la régler que la régler sans en avoir débattu » a dit un écrivain du nom de Joseph Joubert.

« Plus on punit et moins ça va »
J’adapte ma réponse au gré des difficultés rencontrées, mais il se trouve que je suis contre ce système de punition et de récompense. Plus on punit et moins ça va. Plus la punition est sévère et plus on risque d’entrer dans un cercle infernal, où le « puni » est toujours le même. Il vit avec ses punitions, tantôt révolté, tantôt soumis. Cela détruit la relation de confiance, cela « pourrit » la vie de famille. L’enfant se sent de plus en plus rejeté, exclu, il perd confiance en lui et il multiplie les problèmes de comportement, ce qui multiplie les punitions et peut mener à des situations extrêmes et à une grande détresse de l’enfant. (il faut savoir que même avec les animaux le système doit comporter plus de récompenses que de punitions pour être efficace). Ce système de « dressage » où l’enfant navigue entre la punition et la récompense est parfois complètement incohérent et n’apprend pas à l’enfant à raisonner par rapport à ce qui lui est reproché. Bien souvent en non adéquation avec la bêtise faite, une petite chose prend une ampleur disproportionnée. Que se passera-t-il le jour où il y aura pis ? Car forcément et fatalement il se passera autre chose. On encourage l’enfant à ruser, à ne pas être franc ( par peur de la punition).

L’engrenage
S’il en arrive à avoir du mépris pour l’adulte, il aura du mal à faire marche arrière dans ce cheminement. Il va se renfermer, s’endurcir et ne se confiera plus. Il peut même se dire que tous les adultes sont ainsi. A cette attitude violente, il ne peut répondre que par la violence. L’engrenage est en route, la bombe est amorcée.
Quand le parent demandera de l’aide, plus tard il dira « cet enfant a toujours été rebelle, vous ne savez pas ce que c’est, vous qui n’avez toujours que des enfants agréables, celui-ci ne connaît que l’agressivité, il ne respecte rien etc.….. »
La punition est sournoise : l’adulte réfléchit pour agir là où ça fait mal, cela suppose une certaine forme de sadisme qui varie dans toutes sortes de privations et de frustrations. Quel exemple donne-t-il ? Quelques années après, on observe une situation inversée. L’adulte, las, ne sait plus comment s’y prendre : il constate que son enfant s’éloigne, il souffre du manque de communication et de complicité. Le parent se demande souvent pourquoi son enfant a changé, mais rien n’a jamais changé et c’est justement le problème.